samedi 6 février 2010

Une fenêtre ouverte sur les maisons closes



© Publié le 14/01/2010 à 17:28 Le Point.fr - Culture
Par Nedjma Van Egmond





On doit à Nicole Canet cette découverte minutieuse des hauts lieux parisiens de l'amour tarifé, avant leur interdiction par la loi Marthe Richard de 1946. Retour dans les années folles, sur les traces de Mimi, Luce et Kiki. Certaines écument, clope au bec, le pavé parisien, de Belleville aux Halles, mais c'est surtout dans des intérieurs cossus qu'elles officient. Près de 400 photos (certaines de Zucca ou Atget) présentent des décors soignés invitant au voyage, de l'Inde au Japon, de la Chine à Venise. De luxueux bordels pour hommes et femmes, des boudoirs, alcôves, baignoires de cuivre et autres cocons feutrés pour parties de jambes en l'air à deux, trois, et plus si affinités. Ceux-là sont assurément réservés à la haute société. Même les politiques y font parfois escale, identifiée dans leur agenda comme "visite au président du Sénat" ! À chaque temple, sa spécialité. Au 30 rue Lepic, la fessée, au 9 rue de Navarin, la flagellation, à l'hôtel Marigny, les plaisirs au masculin. Proust aimait s'y encanailler au champagne, avec des jeunes militaires...

Au milieu de clichés sépia au charme désuet, les étonnants tableaux vivants dont les modèles ne masquaient rien de leur anatomie et de leurs acrobaties sexuelles, souvent ébouriffantes. Photos de dessous chics signées Brassaï, poignées de portes en forme de verges, ivoirines sculptées de scènes licencieuses et même la cravache de Flora, figure du célèbre One Two Two, complètent cette plongée. Coquine ou parfois savoureusement shocking...

"Maisons closes, 1860-1946", galerie Au bonheur du jour, Paris 2e. Mardi-samedi 14 h 30-19 h 30. 01.42.96.58.64. Catalogue 328 pages, 65 euros, éditions Nicole Canet.

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